dimanche 18 novembre 2012

Les fédéralistes d’aujourd’hui: que du $$$$????

Je reproduis un autre excellent papi-el de MATHIEU BOCK-CÔTÉ (MBC)..dans le Journal de Montréal

et en voici mon commentaire

En fait Mathieu, les fédéralistes québécois n'ont plus de réels principes nationalistes intérieurs. Depuis 20 ans...en ont ils déjà eu???

Ils sont affairistes, point à la ligne. Et quand je dis affairistes...je suis poli (CEIC).

De plus, quand ils disent que le fruit n'est pas mur...quelle locution vide et manipulatrice. Pour eux, le fruit ne sera mur que le jour qu'il n'y aura plus de souverainiste au Qc, donc jamais...

Les québécois qui n'ont pas encore compris que NOUS somme pris en otage par le fédéral...ne peuvent comprendre le débat sur la présence du drapeau "Canadian" dans nos institutions nationales québécoises...
Toutefois...soyons bien clair...pour paraphraser ton volume...Nous sommes actuellement au Québec à une "Fin de Cycle"  généralisée. Montréal, Laval, les fédéralistes de principes, les souverainistes de gauche...

Tant qu'à moi...Il faut que le Québec...Naisse..ou renaisse???

***************************************************************************

Affaire du drapeau : la politique de la carpette

 

18 NOVEMBRE 2012

Je vous parlerai de «l’affaire du drapeau». Je laisse à d’autres le rappel de l’histoire protocolaire du Québec même si elle est loin d’être négligeable, dans le cas présent. Je me penche plutôt en quelques mots sur sa signification historique et politique. Car cette étrange «querelle de drapeaux» n’est pas qu’une querelle de drapeaux. Mais le symptôme d’une évidence dont nous perdons pourtant de plus en plus la trace, dont nous n’avons plus vraiment conscience: le caractère fondamentalement problématique du fédéralisme au Québec depuis 1982.

Un fait: depuis 1982, le Québec est exclu de l’ordre constitutionnel canadien. Les souverainistes le savent, évidemment et y voient une raison fondamentale de rompre le lien fédéral. En 1982, avec le rapatriement unilatéral de la constitution piloté par Trudeau, le Québec est passé de peuple fondateur à province parmi d’autres. Ses droits historiques ont été bafoués lors d’un coup de force dont on peine à comprendre tous les effets. L’Assemblée nationale a été mise sous tutelle par le régime canadien, qui a reconduit son historique pouvoir de désaveu en le confiant notamment à la Cour suprême du Canada.

Mais les fédéralistes le savent aussi. À tout le moins, ils l’ont déjà su. Pendant longtemps, ils savaient que le coup de force de 1982 était odieux et représentait quelque chose comme un coup d’État, ce qu’a déjà reconnu Trudeau, d’ailleurs. Ils le savaient tellement qu’ils se sont engagés dans de grandes réparations constitutionnelles. C’était le projet de Meech qui posait cinq conditions minimales pour signer la constitution de Trudeau. Cinq conditions minimales sans lesquelles le maintien du lien fédéral serait un déshonneur pour le Québec.

J’aime rappeler la chose: alors qu’il croyait encore à la signature de Meech (quelques semaines avant l’échec de l’entente), Robert Bourassa confessait qu’avec cette entente, le Canada deviendrait enfin un «vrai pays» pour les Québécois. J’en ai toujours compris que selon son propre point de vue, sans Meech, le Canada n’était pas un vrai pays pour notre peuple. Que Robert Bourassa n’ait pas eu le courage historique d’en tirer les conséquences politiques est une autre affaire. Mais le fond des choses est là : pendant longtemps, les fédéralistes étaient fidèles au Québec d’abord. Ils n’étaient pas encore devenus des inconditionnels du Canada.

On l’oublie, mais le PLQ, à ce moment, a failli virer souverainiste. C’était l’époque d’un Québec qui ne voulait plus négocier que d’égal à égal avec Ottawa. Il fallait se parler de peuple à peuple. C’était l’époque où les fédéralistes envisageaient clairement leur conversion à la souveraineté. C’était l’époque où il y avait plus de points en commun entre un fédéraliste québécois et un souverainiste québécois qu’entre un fédéraliste québécois et un fédéraliste canadien. C’était l’époque où les fédéralistes québécois rejetaient viscéralement l’héritage de Trudeau. C’était l’époque du rapport Allaire qui pavait le chemin vers une indépendance réalisée par le PLQ.

Nous sommes 20 ans plus tard. Et les choses ont bien changé. Et c’est ici que l’affaire du drapeau devient importante. Le Canada ne s’est toujours pas amendé et sa constitution a modifié pour le pire le destin du Québec. Mais le leadership fédéraliste déchire sa chemise parce qu’un gouvernement souverainiste propose de restaurer la primauté des symboles nationaux québécois à l’Assemblée nationale. Il s’indigne parce que les souverainistes cherchent à rappeler d’une manière tout à fait légitime le caractère hautement problématique du fédéralisme canadien au Québec.

Pour eux, désormais, le coup de force de 1982 n’est plus qu’un détail: évidemment, ce serait mieux si le Québec signait la constitution un jour. Lorsque le fruit sera mûr, comme on dit souvent. Mais cette signature est banalisée, presque insignifiante. Car en attendant, ce n’est plus grave. Comme si le fait d’évoluer sous un régime constitutionnel mettant clairement en tutelle notre Assemblée nationale n’était plus grave. Comme si nos fédéralistes avaient perdu le sens du politique et vivaient désormais dans le déni historique perpétuel.

Ce qui me frappe ici, c’est à quel point les fédéralistes québécois pratiquent la politique de la carpette. Ce qui me frappe, c’est à quel point les fédéralistes québécois n’ont plus aucun seuil de rupture avec un Canada qui a pourtant censuré constitutionnellement notre existence nationale. Auparavant, nos fédéralistes ne voulaient rester dans la fédération qu’à la seule condition qu’elle se réforme en respectant les revendications historiques du Québec. Aujourd’hui, ils acceptent le Canada tel qu’il est, et s’en font même une fierté. Ils n’ont même plus le souvenir de leurs propres combats québécois.

Le zèle fédéraliste, c’est celui d’un camp qui est occupé à dédramatiser systématiquement la perte d’autonomie et de souveraineté du Québec dans la fédération. C’est celui d’un camp qui en est venu à refuser l’idée même que le Canada puisse causer problème. Et c’est ici qu’ils se choquent autour de la querelle du drapeau. Car ils ne peuvent tolérer ce rappel historique élémentaire et malheureux : en se ralliant implicitement à l’ordre constitutionnel de 1982, les fédéralistes québécois ont laissé tomber le Québec. Quelque part, ils le savent. Et n’aiment pas qu’on leur remémore.

No de billet56682-21-11-81-1

Aucun commentaire: